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lundi 30 avril 2012

"Les frontières, Sarkozy a raison d'en parler, encore et encore..." 29.04.12 | 20:44 | Le Monde.fr Jonathan Parienté

Nicolas Sarkozy a tenu, dimanche 29 avril, son dernier grand meeting de campagne devant une salle, certes pas immense, mais archi comble à Toulouse. Dans la chaleur étouffante du Parc des expositions, tous ou presque assurent croire en la victoire et espèrent que cette dernière semaine de campagne change la donne pour Nicolas Sarkozy.

Des foules de drapeaux, des militants et sympathisants qui donnent de la voix en toute occasion, des sifflets unanimes dès qu'est évoqué Hollande ou Mélenchon, des jeunes et des moins jeunes qui s'époumonent à l'arrivée de leur champion : l'assistance est en grande forme pour acclamer Nicolas Sarkozy. Les "on va gagner" se mêlent aux"on a gagné" dès que la foule se cristalise sur l'un des mots du président-candidat ou de l'un des poids lourds de l'UMP, qui s'exprimaient par vidéo interposée depuis l'autre bout de la France.

>> Lire notre compte rendu A Toulouse, Sarkozy fait l'apologie de la nation et des frontières

"La droite va passer", assure par exemple Brune, jeune femme souriante d'une trentaine d'année, qui n'est "pas militante""Ce sera un beau duel, le débat va être passionnant et les masques vont tomber", lance-t-elle. De l'organisation des débats, il en a été question à maintes reprises. Comme c'est désormais l'usage, les orateurs ont raillé ce François Hollande qui n'a pas voulu des deux - puis des trois - confrontations exigées par le chef de l'Etat.

"Les Français ont le droit de savoir. Ces face-à-face auraient été l'occasion pour Nicolas Sarkozy de faire de la pédagogie, d'expliquer comment il nous a protégés de la crise et pourquoi le programme de François Hollande nous conduirait à la situation espagnole, voire grecque en quelques mois", regrette Christophe, un des nombreux "étudiants avec Sarkozy"venus faire la claque dans le meeting. Myriam, retraitée de 62 ans toute apprêtée, balaie d'un revers de main cette question des débats : "Qu'Hollande refuse, honnêtement, ça ne me choque pas. Sarkozy aurait caracolé en tête des sondages, il n'aurait jamais voulu prendre ce risque. Dans cette histoire, chacun est dans son rôle et on ne devrait pas traîner là dessus pendant les quelques jours qui nous restent. Il y a des choses plus importantes, comme le chômage et l'immigration".

"CE N'EST PAS DU RACISME, C'EST DE LA CRAINTE"

Lors de son discours, Nicolas Sarkozy a longuement traité du concept de frontière, qu'elle soit physique ou intellectuelle. A l'applaudimètre, ce passage a gagné haut la main. "Il a raison d'en parler encore et encore. Avec ce discours, Nicolas Sarkozy est le seul à pouvoir lutter contre l'extrêmisme. Si Hollande est élu, il ne pourra pas faire une politique de gauche et vous verrez les dégâts : l'extrême gauche et l'extrême droite parviendront à des niveaux records", croit savoir Jérôme qui s'est "récemment mobilisé" pour faire gagner celui qu'il croit être "le meilleur pour les générations futures".

Pour Lysiane, permanente de l'UMP dans le sud-ouest, cette question des frontière est au centre de son engagement. "Dans l'Union européenne, on partage les mêmes valeurs. Mais au delà ? Et ils veulent donner le droit de vote aux étrangers..." Pour elle, la gauche a montré qu'elle ne prenait pas ces questions au sérieux. "Souvenez vous, quand le PS a pris le Sénat, qui Jean-Pierre Bel a-t-il mis comme vice-présidente, hein ?", demande-t-elle. Elle ne la citera pas, mais sa sortie vise Bariza Khiari, sénatrice de Paris. "Dans l'état actuel des choses, nommer une vice-présidente arabe, c'est une provocation", lance-t-elle. Mais, tient-elle à conclure, "ce n'est pas du racisme, c'est de la crainte".

Le discours de Nicolas Sarkozy sur ces questions s'est musclé depuis les résultats du premier tour. A Toulouse, il y a ceux qui nient toute droitisation de la parole du chef ("il a toujours parlé ainsi, les lignes n'ont pas bougé"), ceux qui assument ("si la droite de gouvernement veut garder son influence sur le pays, il ne faut pas qu'elle laisse ces sujets au Front national"), il y a les pragmatiques ("vous croyez qu'on va gagner les voix de Marine Le Pen en faisant campagne sur le permis de conduire"). Et il y a ceux qui la déplorent. "J'ai un peu peur de ce qu'il va dire. Je suis de droite depuis toujours, mais le discours devient limite", déplore Alain, un"petit patron" de 52 ans, qui en paraît 10 de moins. "Je suis de droite pour la liberté d'entreprise, pour me battre contre le matraquage fiscal. J'ai adhéré à l'UMP quand on parlait de la valeur travail, explique-t-il. Aller sur ce terrain là, c'est une double connerie. Non seulement, on va perdre, mais en plus on passera pour des minables".

Une fois le discours de Nicolas Sarkozy et la Marseillaise terminés, la salle se vide. Sur le parking, les bus venus de toute la région se remplissent pour repartir au plus vite. Sur la route qui mène au métro, de petites grappes de supporteurs du président-candidat se pressent, drapeau roulé sous le bras. "Ca fait du bien de se retrouver ensemble, en famille. Ca redonne le moral. Il va falloir du courage car, dans une semaines, les choses pénibles vont commencer pour la droite", prophétise un "jeune pop'" qui ne donnera pas son nom.



A Avignon, Sarkozy revendique le droit d'"être fier d'être français" 30.04.12 | 20:56 | Le Monde.fr Hélène Bekmezian

Pour l'un des derniers meetings de sa campagne présidentielle, lundi 30 avril, Nicolas Sarkozy a tenu à Avignon un discours peu innovant en termes de propositions tout en faisant des appels du pied de plus en plus francs auprès de l'électorat du Front national.

Après un déplacement à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône) un peu houleux, le président-candidat a pris la parole lors d'une réunion publique à Avignon. Reprenant une thématique utilisée à plusieurs reprises, M. Sarkozy a affirmé que"jamais, jamais, [il n'avait] reculé"face à la "pensée unique""Personne ne m'empêchera de dire ma part de vérité", a-t-il assené, sous les acclamations du public.

M. Sarkozy a de nouveau reproché au candidat socialiste, François Hollande, de dénigrer les 6,4 millions d'électeurs du Front national : "J'ai vu François Hollande qui le soir du premier tour prenait sa pince à linge, a-t-il ainsi ironisé, sous les rires du public. Je parle à ceux qui m'ont fait confiance, malgré tout, de porter leur vote sur ma candidature. Mais je parle aussi à ceux qui ont fait un autre choix : c'était leur droit, c'est le peuple qui choisit les candidats, pas les candidats qui choisissent le peuple."

"Nous n'avons pas à juger les décisions et les choix du peuple, nous devons écouter."#Avignon

Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) Avril 30, 2012

"STÉPHANE CAMUS" ET "LA DÉFENSE DE NOTRE PATRIMOINE"

De fait, le candidat de l'UMP s'est adressé plus ou moins directement à l'électorat frontiste. "Nous voulons garder nos paysages, nos valeurs, nos habitudes, la fierté d'être français", a-t-il notamment dit, ajoutant toutefois qu'il "[se battait] pour une France ouverte, pas pour une France rétractée"."Jamais je ne vous dirai : ayez peur de l'autre, ayez la haine de l'autre [...]. Je déteste le racisme, l'homophobie, l'exclusion, la violence, le sectarisme", a-t-il assuré.

Plus tard, M. Sarkozy a tenu à rappeler que, "aux Etats-Unis, une maison sur deux a le drapeau des Etats-Unis d'Amérique tellement on est fiers de son pays [...]. Nous on est fiers d'être Français !". Puis, après avoir cité "Stéphane Camus"au lieu d'Albert Camus , M. Sarkozy a revendiqué le "droit de citer Charles Péguy ou Victor Hugo", la "défense du français" et de "notre patrimoine culturel".

Deux points qu'il n'avait pas défendus jusqu'à présent avec tant de vigueur et qui rappellent le programme de Marine Le Pen sur la culture, sous les intitulés"valoriser notre patrimoine et notre culture" et "soutenir l'exception culturelle française".

"NOUS NE VOULONS PAS QUE L'ON ENFERME DES FEMMES DERRIÈRE DES PRISONS DE TISSU !"

Puis M. Sarkozy est largement revenu sur l'immigration, formulant à nouveau ses propositions : réduction de moitié du nombre d'immigrés, obligation de dix ans de résidence et de cinq ans de cotisations pour bénéficier du RSA et du minimum vieillesse, refus du droit de vote pour les étrangers, obligation pour tout étranger aspirant à être naturalisé de passer un examen de français et de"connaissance de la République"(ce qui, pour cette dernière proposition, est déjà le cas depuis le 1er janvier).

"Je ne peux pas accepter une immigration qui serait motivée seulement par des prestations sociales parmi les plus généreuses d'Europe."

Nicolas Sarkozy (@NicolasSarkozy) Avril 30, 2012

"Si un étranger veut devenir Français, il le peut et aura le droit de vote. S'il veut rester étranger, il n'aura pas le droit de vote parce que ici c'est la République française !", a-t-il assené, sous les ovations du public avant d'ajouter, cette fois sous les sifflements de la foule : "Aucune religion, aucun précepte ou culture étrangère ne nous fera renoncer à la défense de ce principe essentiel : femmes et hommes, être humains, parfaitement à égalité. Nous ne voulons pas que sur notre territoire l'on enferme des femmes derrière des prisons de tissu !"

Le président-candidat s'est ensuite livré à une charge contre l'Europe, devenue "Europe passoire ouverte à tous les vents où n'importe qui peut faire n'importe quoi" alors que l'Europe était censée, selon lui,"protéger la civilisation européenne" et "défendre un projet humaniste". "L'Europe est forte parce qu'elle s'appuie sur des pays forts. [...] En faisant l'Europe, nous devions bâtir en commun notre souveraineté [...]. Je le dis : si dans un an Schengen n'est pas revenu dans des conditions normales de fonctionnement, je rétablirai les contrôles aux frontières de la France", a-t-il dit, reprenant une proposition déjà formulée et s'approchant du principe d'"Europe des nations" défendu par la candidate du Front national.

Enfin, M. Sarkozy a terminé son discours sur le thème de l'éducation, rapprochant maladroitement le respect à l'école et la dépénalisation du cannabis. "Il y a une limite entre le bien et le mal, tout ne se vaut pas. A l'école, je veux qu'on apprenne que l'enfant est au-dessous du maître, qu'on apprenne à nos enfants qu'il y a une règle, un respect", a-t-il dit. Difficile, là encore, de ne pas voir la ressemblance sémantique avec le programme de Marine Le Pen, qui défend "la valeur centrale de discipline" et affirme qu'"à l'école tout le monde n'est pas au même niveau. Le professeur est au-dessus de l'élève. Et le parent d'élève n'est pas le client du professeur".



Chez les sympathisants UMP, les thèmes chers au FN font recette 30.04.12 | 15:03 | Le Monde.fr Eric Nunès (Marcq-en-Baroeul (Nord), Le Mans, envoyé spécial)

Tendre ou ne pas tendre la main au Front national ? Dès le soir du dimanche 22 avril, à l'annonce des résultats du premier tour, il n'y avait pas de doutes sur la clé qui ouvrirait un nouveau mandat présidentiel à la droite. Pour gagner, elle allait devoir rouler sur les plates-bandes de la candidate frontiste et séduire la majorité de ses 6,5 millions d'électeurs. Depuis une semaine, du militant au ministre, une dissociation de personnalité s'est révélée au sein de la famille politique du président sortant.

A la Mutualité, à Paris où, le soir du premier tour, le parti de la majorité avait fait converger tous ses soutiens, Jean-Michel Latu, avocat de 56 ans et partisan de Nicolas Sarkozy, espérait une seconde manche, où, face à François Hollande, son candidat défendrait"son bilan". Que le débat se centrerait sur "les qualités de gestionnaires" des finalistes, sûr que dans ces conditions, le sortant remporterait la mise. Mais le score de la candidate frontiste lui enlève cet espoir : "Ils vont certainement revenir sur l'immigration", regrette-t-il.

Ce dégoût pour les thématiques chères au FN n'est pas partagé par Mireille, en conciliabule dans les couloirs de la Mutualité, avec deux militants des Jeunes populaires. A en croire cette nouvelle retraitée, en matière de contrôle des frontières, Brice Hortefeux et Claude Guéant se sont successivement tourné les pouces au ministère de l'intérieur. "Ceux qui ont voté Marine Le Pen en ont marre de voir ce qu'il se passe en France. Il faut être plus dur en matière de lutte contre l'immigration", peste-t-elle.

Les deux jeunes femmes qui l'entourent font un pas en retrait sous l'oeil goguenard de Georges Marchais dont le portrait les surplombe. "Nous ne sommes pas d'accord", marquent-elles, visiblement gênées de la "saillie droitière" de leur aînée.

"LES FRONTIÈRES PASSOIRES"

Cette même soirée, Michèle Alliot-Marie y va de son petit salut aux militants UMP. Aux journalistes qui l'interrogent sur la stratégie du second tour, l'ancienne ministre des affaires étrangères répond par une fin de non-recevoir à toute droitisation. "Pas de clin d'oeil au Front national", affirme l'ancienne chiraquienne.

Mais, à quelques pas, Nadine Morano, ministre de l'apprentissage, est moins bégueule. Elle se promène en salle de presse à la recherche de micros ouverts et s'empresse de marteler :"Nous ne sommes pas favorables au vote des étrangers", rappelant en une phrase que son parti et l'électorat de Marine Le Pen peuvent se trouver des valeurs communes.

Le lendemain soir, au "Grand Journal" de Canal+, la ministre sarkozyste enfonce le clou. Invitée au côté de Louis Aliot, numéro 2 du FN, l'élue de Moselle affirme au numéro 2 du FN que les électeurs frontistes "se reconnaissent davantage dans les orientations prises par Nicolas Sarkozy" que dans celles de son opposant, citant en vrac la législation sur la burqa,"les frontières passoires" sans omettre "le droit de vote des étrangers".

Vendredi 27 avril, en meeting avec François Fillon au Palais des congrès du Mans, Xavier Bertrand, ministre du travail et traditionnel bateleur du parti, n'aura pas un mot susceptible d'être interprété comme un appel à l'électorat frontiste.

Sur ses terres et en présence des orthodoxes de l'économie, le sénateur Jean Arthuis et Pierre Méhaignerie, François Fillon le Sarthois s'attelle un temps à répondre aux interrogations de l'électorat centriste. Son "hostilité au vote des étrangers aux élections locales", le premier ministre l'habille de quarante-cinq minutes de discours dédié à la crise et à la construction européenne.



L'ancien séguiniste précise : "Notre nation a intégré, génération après génération, des étrangers de tous les horizons, et dont certains ont versé leur sang pour la France."Avant de marteler que "la République exige de rappeler que nous sommes une nation de citoyens, pas une nation où chaque communauté fait passer ses traditions et ses coutumes avant les lois de la République... La citoyenneté ne se découpe pas en tranches", lance-t-il face à la salle qui, à ses mots, sort de sa torpeur et applaudit à tout rompre son orateur.

Malgré la claque des militants et ses efforts sémantiques, le locataire de Matignon reconnaît que son bail est au bord de la rupture : "Le premier tour n'était qu'une marche d'approche. Nous attaquons maintenant la face nord."

UNE MÉTHODE MITTERRAND

Plus optimiste, Jean-François Copé, en marge d'un meeting à Marcq-en-Baroeul (Nord), dimanche 29 avril, livre son"intuition profonde" que la victoire se dessine. Devant environ 800 militants, le patron du parti présidentiel se garde de faire une cour trop appuyée à l'électorat frontiste.

Si le maire de Meaux ne se prive pas de dénoncer le projet socialiste d'"introduire le vote des immigrés pour obtenir un vote communautaire", il s'empresse de renvoyer au Parti socialiste tout argument visant à dénoncer une potentielle alliance avec l'extrême droite.

Laissant entendre que la gauche est la première bénéficiaire de la montée du FN : "François Mitterrand a engendré des disciples... Je ne sais pas s'ils ont son talent mais ils ont ses méthodes, déclare M. Copé. Cette bonne vieille coalition entre le FN et le PS où on s'aide l'un l'autre. Nous, à l'UMP, nous incarnons la solidité en refusant toute alliance avec le Front national."



Si l'alliance n'est pas de mise selon le patron de l'UMP, l'exposition de la concordance des idées entre le parti présidentiel et les électeurs de Marine Le Pen, peut être une des clés de la victoire de Nicolas Sarkozy le 6 juin. Le score de la candidate frontiste au premier tour est "stupéfiant" accorde Grégoire Vanco, 19 ans, étudiant à Science Po à Lille. "Il est nécessaire de comprendre les raisons de ce vote, de ne pas culpabiliser les électeurs, ce ne sont pas des 'fachos' en herbe, mais leur vote est le marqueur d'un vrai malaise."

"Le gros du programme de Marine Le Pen porte sur la sécurité, l'immigration, le patriotisme,analyse Thomas Drancourt, 19 ans, étudiant en psychologie. Il faut répéter à ces électeurs que ce n'est pas en votant socialiste qu'ils verront ces thématiques abordées."En cas de victoire de la gauche, "ils auront une politique à l'opposé de leurs attentes, de leurs idées",prolonge Gildas Dubaele, 29 ans, gestionnaire. "Avec le président, ils trouveront des réponses concrètes dans le cadre républicain", assure-t-il.

"HOLLANDE ME FAIT PEUR"

Pour ramener les électeurs frontistes vers l'UMP, "il faut leur parler des problèmes sociétaux",résume Jean Guerard, 82 ans, retraité des assurances. Ceux qui clivent la gauche et la droite et sur lesquels le FN et la droite conservatrice et chrétienne se retrouveront : "L'euthanasie, le mariage homosexuel, l'adoption par les couples homosexuels, la recherche sur les embryons..."

Mais, pour Philippe Dias, 64 ans, gérant de société, c'est la lutte contre l'immigration qui représente un point de conjonction forte entre les deux électorats. "Nicolas Sarkozy a raison de dire qu'on ne peut pas recevoir l'immigration en pagaille. Il y a ici, à Lille Fives, des Arabes qui n'ont pas leur place en France. Ils roulent en grosse berline et vous narguent sans ne jamais travailler et en profitant de aides sociales", affirme-t-il.

Avec le Front national, "nous sommes proches sur un certain nombre de thèmes comme la lutte contre l'immigration, la valeur travail et l'assistanat", poursuit Colette Pitelete, 58 ans, retraitée de France Telecom. "Des milliers d'étrangers sont à nos frontières avec leurs bagages prêts à venir en France", affirme-t-elle. "Si le candidat socialiste est élu, il régularisera tous les sans-papiers", craint-elle. Hollande me fait peur."

> Lire aussi : Nicolas Sarkozy, l'homme qui courait après les voix du FN



samedi 28 avril 2012

26 avril 2012 « Ça fait déjà cinq ans qu’on est gouvernés par le Front national »


Ce soir, c'est virée à l'opéra de Massy (Essonne) pour les militants socialistes. Martine Aubry y tient meeting d'entre deux tours. Départ collectif en fourgonnettes familiales. Passer une soirée entre convaincus, quel intérêt ? Les démonstrations de force galvanisent les troupes, qui y trouvent aussi de quoi enrichir leur argumentaire de porte-à-porte, s'entend-on répondre. « Pour le militant, ces causeries géantes, c'est comme un prêche. D'après vous, pourquoi est-ce que les catholiques vont tout le temps à l'église alors qu'ils sont déjà croyants ? »

Réunion publique PS à l'opéra de Massy avec Martine Aubry. © Fabrice Gaboriau

Réunion publique PS à l'opéra de Massy avec Martine Aubry. © Fabrice Gaboriau

L'argument de Patrice Nendjot fait hurler ses comparses militants. Et attise notre curiosité. Nous n'avions jamais rencontré ce socialiste gabonais, en France depuis 1998, qui travaille à Paris dans un cabinet d'audit financier. Adhérent du PS depuis 2006, il passe trop de temps à voyager pour être très présent sur le terrain militant. Mais rien ne presse, tempère le trentenaire en rigolant. « Nous sommes ici en mission quasi-prophétique de longue haleine pour arracher la ville et le département à la droite!».

La poignée de militants scéens pénètre dans l'opéra, grimpe tout en haut de la salle de 400 places déjà comble une heure avant le démarrage prévu. Et déjà sonorisée par des « Le changement c'est maintenant ! », des « François président !», des « On va gagner ! » hurlés, chantés, sur tous les tons par les premiers arrivés. En attendant Martine Aubry, la rangée échange sur les dernières déclarations de Nicolas Sarkozy. Et soudain, Patrice se met à nous parler. Comme s'il se libérait d'un poids oppressant.

Réunion publique PS à l'opéra de Massy avec Martine Aubry. © Fabrice Gaboriau

« Ces derniers jours, c'est seulement amplifié. Depuis cinq ans, on a été gouvernés par le Front national. Directement ou indirectement, on se sent agressés par toutes ces lois, tous ces amalgames. Tenez ! Moi je me suis marié en 2004 avec une Française. Par amour. Je pourrais demander la nationalité française mais je ne le fais pas pour éviter les soupçons". Patrice se sent bien intégré, il vient d'un pays où le Français est la langue officielle, c'est la seule langue qu'il ait jamais parlé, il a fait l'école en français, a obtenu des diplômes reconnus en France, puis décroché en France un Master de finances à l'Institut supérieur de gestion… Mais il se sent"catalogué". "Parce que je viens d'un pays étranger, je suis susceptible de faire des choses répréhensibles.

" Parce que je viens d'un pays étranger, je suis susceptible de faire des choses répréhensibles" lance Patrice Nendjot © Fabrice Gaboriau

"Ça m'a même traversé l'esprit de partir aux Etats-Unis ou au Canada, mais je suis très attaché aux valeurs françaises qui ont bercé mon enfance. Pourtant, cela devient de plus en plus pénible de vivre ici. Sarkozy a libéré le racisme, les gens n'ont plus de retenue. Dans le RER, on me dévisage parce que je suis noir. A Boulogne, récemment, j'entre dans un restaurant avant mes collègues de bureau, il n'y a pas de table libre. Ils arrivent deux minutes après moi, on les amène à une table. Au boulot, avant, j'allais en clientèle faire de la comptabilité. Mais des clients ont demandé à ce qu'on ne leur envoie plus d'Africains, ils sont trop mal perçus dans la boîte. Ce sont des petits exemples, je m'en fous un peu, mais multipliés à l'infini, ça commence à me toucher. Me fragiliser. M'humilier".

Le climat, selon lui, a changé ces dernières années en France. Au lieu de poser un diagnostic sérieux de la crise, le président a cherché des bouc-émissaires. "Mais ce n'est pas l'Africain qui empêche le Français d'avoir un pouvoir d'achat élevé, ou les communes de construire des logements ! La France m'a beaucoup déçu. Ma femme, quand je l'ai rencontrée, elle était à droite à 100%, maintenant, elle vote à gauche, elle ne se reconnaît plus dans cette droite". A l'en croire, nombre de ses compatriotes installés en France auraient même voté Marine Le Pen au premier tour pour tenter d'humilier Sarkozy, faire en sorte qu'il ne soit pas présent au second tour. "Ce qui me fait froid dans le dos, aussi, c'est qu'au Gabon un sentiment anti-français très fort est en train de monter. Même ma femme commence à être mal vue quand on y va. Parce que les jeunes qui viennent se former ici, et qui sont la future élite dirigeante du pays, sont maltraités, et chassés comme des malpropres à la seconde où ils ont fini leurs études ».

Dans un opéra plein à craquer, Martine Aubry prononce un discours enflammé. A la sortie, les militants de Sceaux se disent tous qu'elle ferait un bon premier ministre: quand elle décrit des difficultés des Français, elle a l'air se savoir de quoi elle parle.© Fabrice Gaboriau

Hurlements, Martine Aubry monte sur scène, démarre son discours fleuve. On se prend à l'écouter avec, pour filtre, les paroles de Patrice - qui la filme intégralement avec son I-Phone pour tout verser sur YouTube en rentrant. Quel espoir saura-t-elle lui donner ? La voilà qui évoque la « France rétrécie »« montrée du doigt après l'horrible discours de Grenoble », le droit de vote des étrangers aux élections locales. « Je suis fière de cette mesure. Tant d'années que je l'attends ! Ne vous inquiétez pas, nous la ferons avant les élections de 2014. Leurs enfants sont les amis de nos enfants. Ils sont parents d'élèves, représentants de locataires, ils sont chez eux ici. Nous voulons bien vivre notre diversité. Le meilleur moyen de résoudre les problèmes d'intégration c'est de lutter contre les discriminations. Nicolas Sarkozy, Guéant et tous les autres nous ont fait honte ».

On se tourne vers Patrice pour mesurer l'impact des mots. « C'est rien que des discours, nous dit-il. Les actes, c'est autre chose. Et puis, il va falloir un changement de mentalités, ça peut prendre du temps ». Silence. « Mais ça fait du bien d'entendre ça ».

Patrice Nendjot entouré des autres militants de Sceaux lors du meeting PS à l'opéra de Massy avec Martine Aubry. © Fabrice Gaboriau

26 avril 2012 Arnima se croyait française, elle est devenue « une Arabe »




Hier, Patrice, un habitant de Sceaux de nationalité gabonaise qui travaille dans l'auditfinancier, nous confiait au meeting de Martine Aubry combien la présidence de Nicolas Sarkozy avait représenté pour lui cinq années d'humiliation. Après avoir lu ce post de blog, une autre militante de la section PS de Sceaux, jusque-là fort discrète, Arnima, nous a envoyé un mél, aujourd'hui.

Notre article lui a « fait du bien », écrit-elle. Elle-aussi est cadre (elle est informaticienne), elle-aussi juge le moment que nous vivons « insupportable », souffre de ce qu'elle considère comme une politique de la stigmatisation et de discrimination. Et se décide à parler, ce qu'elle n'avait guère fait jusqu'à présent tant elle s'estimait intégrée dans la société française. Tant elle se croyait française. Jusqu'à ce qu'on lui renvoie le contraire au visage, nous dit-elle. Jusqu'à ce qu'elle, née en France, éduquée en France, y ayant réussi son parcours professionnel, ne soit plus qu'« une Arabe ».

Arnima à la sortie du meeting de Martine Aubry à Massy. © Fabrice Gaboriau

Ce mél, nous avons choisi de le publier. Le voici.

« Je suis née à Paris 14ème arrondissement, je suis Française, d'origine maghrébine, je suis ingénieur informatique prestataire de service. Dès que je passe un entretien avec un client, s'il s'arrête sur le premier mot de mon C.V et me demande « C'est original, Arnima, c'est de quelle origine ? », et que je réponds « algérienne », je sais que mon entretien est fini. Et effectivement, la réponse est systématiquement négative.

Quel malaise lorsque l'on vous pose cette question et que l'on sait que pour 17.9 % des gens, « d'origine maghrébine », ça sous-entend aujourd'hui immigration, musulmane, burqua, hallal, terrorisme, assistanat, profiteur du système de protection sociale. Il faut tout de même avouer que, même si on ne doit pas rentrer dans cette provocation, c'est dur à assumer. Que c'est violent. Que cela n'aide pas en temps de crise. C'est déjà assez difficile comme ça de trouver du travail !

Pourtant, Arnima, ça veut d'abord dire : née à PARIS 14ème en France, d'un père venu en France en toute légalité après l'indépendance, à la demande de Citroën pour travailler à la chaîne, à l'usine, et non pour l'assistanat. Il a eu la médaille d'honneur du travail après 25 ans de services. Née d'une mère venue en toute légalité par le regroupement familial. Qui après avoir élevé ses 5 enfants, et mis le dernier à l'école, est allée travailler dans les cantines scolaires à la mairie de Vanves pendant 15 ans, et est restée vacataire car non-française. Ils ont travaillé dur, toute leur vie, à la sueur de leur front pour donner un meilleur avenir à leurs enfants.

Arnima ça veut aussi dire: ayant grandi en France. Eduquée, formée et diplômée par la France. Ça veut dire compétences au service de la France. Ça veut dire reconnaissante de cette France des valeurs, de la justice, de l'égalité et des droits de l'homme. 

On nous parle d'immigration, d'identité nationale, d'intégration, d'assistanat, de chômage, d'insécurité qui font monter le Front National ! Mais à qui la faute ? Qui doit se sentir en insécurité aujourd'hui, montré du doigt comme un fléau à l'origine de la crise, rejeté, ghettoïsé, discriminé, stigmatisé et maintenant humilié ?

Mes parents sont nés Français sous la colonisation Française. Je suis Française par le droit du sol. Je suis une enfant de la France. Le FN veut supprimer le droit du sol. C'est comme un enfant qui ne serait pas reconnu par ses parents ! C'est comme le considérer comme une erreur ! C'est violent !

La discrimination à l'embauche de citoyens issus de l'immigration représente un énorme coût. La formation d'un jeune issu de l'immigration puis son assistanat forcée une fois diplômé, car discriminé, exclu, relégué au rang de chômeur, quel gaspillage financier, quel gaspillage de compétence, quel gaspillage de valeur ajoutée !

Avec une population vieillissante, l'immigration en France, ce n'est pas un fléau, ce n'est pas de l'insécurité, ce n'est pas de l'assistanat. Ce sont des compétences au service de la France. C'est une valeur ajoutée. Ce n'est pas la peine de parler d'immigration choisie quand on rejette celle qui vous a choisi !

Ça fait du bien de pousser un coup de gueule ! Je crois que le plus dur, c'est de ne pas pouvoir s'exprimer, de ne pas être entendue. De ne pas avoir de porte-parole, d'avoir l'impression de subir.

Le problème, en ce moment, c'est qu'à la télé, on n'a droit qu'à la jubilation du FN. Ces journalistes qui nous rabâchent sa victoire, son score record, c'est écœurant, ça me dégoûte. C'est violent et ça incite à la violence. Voila, c'est dit !

C'est pourquoi, je milite au PS, j'ai choisi un autre mode d'expression que la violence. Malheureusement, d'autres ont succombé".

Arnima

vendredi 27 avril 2012

Prénoms et immigration : Les enfants de Mohamed et Larbia Dupont s’appellent Yanis et Ines Billet publié le 24/07/2009 Baptiste Coulmont

http://coulmont.com/blog/2009/07/24/prenoms-et-immigration/


Quels prénoms les immigrés donnent à leurs enfants ? Plusieurs articles ont paru récemment sur le sujet (Arai et al. 2009; Becker 2009; Gerhards et Hans 2009; Valetas et Bringé, à paraître; Sue et Telles 2007). Deux sur la France, deux sur l'Allemagne, un sur les USA. Voici quelques mots, un peu dans le désordre.
Les auteurs font le pari que les prénoms peuvent servir d'indicateur de l'acculturation, de l'assimilation ou de l'intégration. La chose semble assez logique : les prénoms des Marocains au Maroc et des Français en France diffèrent assez fortement… ceux que les immigrés marocains en France donnent à leurs enfants sont peut-être intermédiaires, et ceux que ces enfants donnent à leurs enfants ressemblent peut-être encore plus au stock général. De plus la disparition des prénoms allogènes a été observée auparavant, avant l'existence de grandes enquêtes statistiques : les enfants des Portugais, des Polonais, des Italiens… ont pu recevoir des prénoms différents de ceux que leurs parents portaient. Maintenant que l'on dispose d'enquêtes (ou de grandes bases de données administratives) il est possible d'essayer de comprendre comment cela se passe.

Les méthodes diffèrent légèrement. Travailler sur les prénoms pose des problèmes spécifiques. Les prénoms sont très nombreux et doivent être transformés en données utilisables.
Araï et alii construisent un « indice de francité » qui varie entre 0 et 1. L'indice reçoit 0 quand le prénom n'est donné que par des immigrants à leurs enfants… et 1 quand le prénom n'est donné que par des « native French ».
Les autres articles construisent des « familles de prénoms » : Gerhards et Hans classent chaque prénom en fonction de sa fréquence dans le pays d'origine et dans le pays d'accueil : ils réalisent donc un travail de codage manuel, en s'assurant de la présence d'au moins un immigré de chacun des groupes parmi les codeurs (et c'est la même chose dans l'article de Becker). Sue et Telles construisent aussi un indice : 1 = « prénom English non traduisible en espagnol »… 5 = « prénom Spanish non traduisible en anglais ». Enfin Valetas et Bringé construisent 4 catégories : pour les enfants des Algériens « prénoms traditionnels » et « prénoms modernes » font référence aux prénoms en cours en Algérie, les prénoms français et prénoms internationaux étant les deux dernières catégories.
La méthode utilisée par Araï et alii me semble a priori la plus satisfaisante (mais interdit probablement certains traitements) : le traitement est grandement automatisé. Elle ne fait pas intervenir le goût de codeurs. Pour prendre un exemple, prenons « Sabrina » : ce prénom apparaîtra à certains comme un prénom classique, un peu comme « Nicolas » ; à d'autres comme une abomination, comme un prénom étranger, comme un prénom maghrébin, comme un prénom portugais, etc… Ce que l'on ressent face à un prénom dépend de sa position sociale.

Malgré la différence des méthodes, l'on va trouver d'étranges similarités.

Immigrer à un jeune âge, avoir immigré depuis longtemps… conduit à donner à ses enfants des prénoms plus proches des prénoms du pays d'accueil. Il en va de même avec le nombre d'années d'études et l'insertion sur le marché du travail : quand ces dernières augmentent, les prénoms se rapprochent. Le mariage avec un « native » (mariage mixte) conduit aussi à des prénoms éloignés de ceux du pays d'origine.

La similarité la plus remarquable concerne les filles.
Les prénoms donnés aux filles n'ont pas tout à fait les mêmes caractéristiques que les prénoms donnés aux garçons. Les bébés filles reçoivent, dans les 3 pays ici étudiés, des prénoms plus proches des prénoms déjà en usage, alors que les prénoms donnés aux garçons diffèrent de ce stock. Les filles des immigrés (qu'ils soient du Mexique, de Turquie, du Maghreb ou de Yougoslavie) ont plus de probabilité d'avoir un prénom local (allemand, étatsunien, français) que les garçons des immigrés.
Dans l'article de Becker, qui porte sur 600 familles d'origine turque : les filles reçoivent des prénoms « communs aux deux pays » trois fois plus fréquemment que les garçons. Chez Valetas & Bringé : « chez les immigrés algériens, les garçons reçoivent un prénom traditionnel à plus de 80%. Ce n'est le cas que pour deux filles sur trois ».

Les auteurs interprêtent ces résultats de plusieurs manières, parfois en rattachant cette différence à la différence de genre. Les garçons seraient détenteurs de la continuité familiale, ethnique ou identitaire… et recevraient donc des prénoms « marqués ». Ce ne serait pas le cas des filles… Cette interprêtation, qui est en grande partie celle de Sue et Telles, me gêne aux entournures (et je suis plein d'entournures) : dans d'autres cas, l'on interprêterait tout aussi bien des pratiques « féminines » comme liées au fait que ce sont les femmes qui transmettent, blah, blah…

J'aurai tendance à penser que ces différences entre prénoms donnés aux garçons et prénoms donnés aux filles sont liées à une différence de structure dans le stock des prénoms du « pays d'accueil ». Les prénoms féminins sont depuis longtemps plus variés que les prénoms masculins : en France depuis la fin du XVIIIe siècle les parents sont plus innovateurs en ce qui concerne les prénoms des filles.
Gerhards et Hans repèrent autre chose : le prénom des immigrantes (nées en Turquie par exemple) est plus fréquemment que celui des immigrants un prénom qui a court dans le pays d'accueil. Tout simplement : il y a plus de prénoms féminins communs aux deux pays que de prénoms masculins.

Vous pouvez me dire : cela ne fait que repousser le problème d'un cran. Mais ça en résoud un autre : en choisissant des prénoms innovateurs pour les filles et des prénoms « classiques » pour les garçons, les immigrés reproduisent des pratiques en phase avec celles du pays d'accueil.

Un autre élément me gêne aussi : les auteurs ont tendance à écrire que les prénoms du pays d'origine sont des prénoms traditionnels. Mais il existe, au Maghreb, en Turquie ou au Mexique, des mouvements de mode… mais peu de travaux encore (Bulliet 1978; Borrmans 1968). Les prénoms turcs ont pourtant été modifiés par le nationalisme kémaliste, mais aussi par des mouvements politiques islamistes. Des mouvements de mode sont aussi visibles au Maghreb dès les années soixante. C'est pour cela que l'article de Valetas et Bringé propose deux groupes de prénoms du Maghreb : les "classiques" et les "modernes".

À suivre… Car on peut observer aussi d'autres formes d'acculturation. De la même manière que certaines Françaises se trouvent des racines celtes (ou des racines occitanes, basques, corses) et donnent à leurs enfants des prénoms "bretons" (ou …), d'autres Françaises vont se trouver d'autres racines. L'indicateur "prénom" est bien complexe.

Bibliographie
Arai, Mahmood, Damien Besancenot, Kim Huynh, et Ali Skalli. 2009. Children's first names and immigration background in France. HALSHS http://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00383090/fr/.
Becker, Birgit. 2009. Immigrants' emotional identification with the host society. Ethnicities9, no. 2: 200-225. doi:10.1177/1468796809103460. [En ligne en version préliminaire sur EqualSoc]
Borrmans, Maurice. 1968. Prénoms arabes et changement social en Tunisie. IBLA, revue de l'Institut des Belles Lettres Arabes 121: 97-112.
Bulliet, Richard W. 1978. First Names and Political Change in Modern Turkey.International Journal of Middle East Studies 9, no. 4 (Novembre): 489-495.
Gerhards, Jürgen, et Silke Hans. 2009. From Hasan to Herbert: Name-Giving Patterns of Immigrant Parents between acculturation and Ethnic Maintenance.American Journal of Sociology 114, no. 4: 1102-1128.
Sue, Christina A, et Edward E Telles. 2007. Assimilation and Gender in Naming.American Journal of Sociology 112, no. 5: 1383-1415.
Valetas, Marie-France, et Arnaud Bringé. Prénoms des enfants d'immigrés en France: Une pratique différente selon le sexe ? Dans Du genre à l'Afrique. Hommage à Thérèse Locoh, éd. Jacques Vallin, 57-65. Paris: Editions de l'Institut national d'études démographiques, paraître.

Note : le titre du billet est une allusion à un article de Desplanques.

François Hollande durcit le ton pour parler à l'électorat FN Le Monde.fr | 27.04.2012 à 17h24 • Mis à jour le 27.04.2012 à 18h26 Par Samuel Laurent


François Hollande lors de sa conférence de presse, le 25 avril.

Virage à droite pour François Hollande ? A neuf jours du second tour, le candidat socialiste a fortement durci, vendredi 27 avril, son discours sur l'immigration et la sécurité. Alors qu'il n'avait pas souhaité, jeudi soir, répondre à la question de savoir s'il jugeait qu'il y avait "trop d'étrangers en France", M. Hollande a indiqué sur RTL qu'il comptait "limiter l'immigration légale" en France.

"Il y a, depuis dix ans, 200 000 nouvelles entrées de personnes étrangères sur notre territoire, ce qu'on appelle l'immigration légale. Je considère, pour ce qui me concerne, qu'il n'y aura jamais d'immigration zéro, donc il y aura toujours une immigration légale, a expliqué le candidat socialiste. Est-ce que l'on peut en réduire le nombre ? C'est le débat."

Et il a conclu en indiquant qu'il n'était "pas favorable" à la limitation du nombre d'étudiants étrangers entrant en France, "car ils sont une chance" pour la France. Mais "après, il y a l'immigration économique. Dans une période de crise, que nous connaissons, la limitation de l'immigration économique est nécessaire, indispensable. Et je veux même lutter contre l'immigration clandestine sur le plan économique", a-t-il ajouté.

  • Réduction de 30 % de l'immigration économique ?

Et le candidat PS de préciser : "Sur l'immigration économique, chaque année, le Parlement fixera le chiffre en fonction des besoins de l'économie. Aujourd'hui, c'est 30 000, ça été diminué à 20 000, ça sera des chiffres qui seront de toute façon maîtrisés à mon avis dans une période de crise. Ça sera de cet ordre de grandeur-là."

On distingue, dans l'immigration légale, l'immigration "de travail" des autres types d'immigration, par exemple le regroupement familial. Selon les chiffres de l'Office français pour l'immigration et l'intégration, en 2010, on comptait, sur 203 017 étrangers accueillis légalement, 65 842 étudiants (32,4 %), 84 126 personnes arrivées pour motifs familiaux (regroupement familial essentiellement, soit 41,4 %) et 31 152 personnes (26,2 %) entrées en France pour motif économique.

L'immigration économique n'est donc que le troisième motif d'entrée légale de migrants sur le territoire, derrière les études et le regroupement familial. M. Hollande envisage donc de réduire ce chiffre de 30 %, pour passer de 30 000 à 20 000.

  • L'immigration légale, jusqu'ici peu abordée par le candidat

M. Hollande n'avait que très peu évoqué, jusqu'ici, une réduction de l'immigration légale en fonction des besoins économiques, un concept qui rappelle celui d'"immigration choisie" promu par Nicolas Sarkozy : au Parlement de définir, en fonction des besoins du pays, le nombre d'immigrés autorisés à y rentrer.

Sandrine Mazetier, députée PS de Paris et secrétaire nationale de son parti aux questions d'immigrations, assure qu'il n'y a pas de "durcissement ou de raffermissement" de François Hollande sur ces questions : "Il a dit depuis longtemps qu'il souhaitait qu'ait lieu au Parlement un débat annuel sur l'immigration économique."

Elle réfute par ailleurs que cette approche soit similaire à celle de M. Sarkozy : "La rhétorique de l'immigration choisie, qui visait 50 % d'immigration de travail, a disparu des discours de Nicolas Sarkozy ou Claude Guéant, car les cycles économiques pèsent. Aucun pays n'est parvenu à atteindre 50 % d'immigration de travail. En outre, il n'y a pas de distinction rigide à faire entre une personne venue travailler et son conjoint qui le rejoint, et qui peut être amené à travailler quelques mois plus tard."

Sans être nouveau, ce concept n'était pas très mis en avant par le candidat socialiste jusqu'ici. Il avait surtout été questionné sur la question des migrants illégaux (sans papiers), et renvoyait au Parlement la responsabilité de fixer des"critères clairs et transparents" de régularisation avec une loi de programmation.Son programme mentionne juste : "Je sécuriserai l'immigration légale."

Mais, rappelle Mme Mazetier, "François Hollande a toujours dit, dès les débats de la primaire, qu'il fallait poser des principes de régularisation sur critères, de débats sur l'immigration économique et de respect des principes internationaux". Pour elle, la visibilité nouvelle de ce pan du programme de François Hollande est due à un "effet de loupe", les médias s'intéressant davantage à ces questions en raison du bon score de Marine Le Pen.

  • Police, cannabis... d'autres gestes de "fermeté"

M. Hollande affiche aussi une certaine fermeté en matière de sécurité. Le candidat PS a ainsi affiché clairement son soutien aux policiers qui manifestent en raison de la mise en examen pour "homicide volontaire" d'un officier ayant abattu dans des circonstances encore non éclairées un délinquant en Seine-Saint-Denis.

Le candidat du PS a aussi réaffirmé, lors de l'émission "Des paroles et des actes", jeudi 26 avril, que "le cannabis doit rester un interdit", s'inscrivant en faux contre le sénateur et maire de Dijon, François Rebsamen, qui avait évoqué l'idée d'en punir la consommation d'une simple contravention. Lors de la campagne de la primaire socialiste, M. Hollande avait pourtant été moins ferme, évoquant une "commission à l'échelle de l'Europe" qui pourrait formuler "une proposition à l'échelle de l'Europe entière".

Samuel Laurent